dimanche 9 novembre 2014

La Première Guerre Mondiale :1885-1920 . La Bataille de DJAKA du 22 Août 1914.

LES DIFFÉRENTES INTERPRÉTATIONS CONTRARIÉES DE LA BATAILLE DE DJAKA A MBIROU I ET MBIROU II:
I- RAPPORT DU GOUVERNEUR DU MOYEN KONGO, MONSIEUR LUCIEN FOURNEAU
ORDRES ENVOYÉS DE DJAKA II LE 1er AOUT 1914 :
" La situation de DJAKA ne permettant pas de défendre cette localité contre une action possible des Allemands, il y a lieu d'envisager l'évacuation du poste, si les bruits de guerre persistent, les archives et les fonds de l'agence spéciale doivent être dirigés sur Liouesso. A la première nouvelle de la déclaration de guerre, le personnel administratif et le détachement de la garde régionale doivent se replier sur Liouesso, DJAKA ne pouvant pas cependant être abandonné sans risque d''être livré au pillage, un agent de l'administration doit y rester avec quelques gardes pour y assurer le maintien de l'ordre, mais non pour tenter une résistance contre un effort offensif des Allemands."
Ces ordres parviennent à DJAKA le 14 Août 1914.
La population de DJAKA compte douze européens:
Administration:
- Monsieur LOYRE, administrateur chef de la circonscription
- Monsieur GRUYER, adjoint des services civils, agent spécial
- Monsieur LEYGUES, commis des services civils
- Monsieur COUSSI, préposé des douanes
- Monsieur le docteur VINCENS et madame VINCENS sa femme
COMMERCE:
- Monsieur POTARD, français
- Monsieur GUEZILLO, français
Monsieur MATTOS, portugais de la colonie française du Haut Kongo
- Monsieur LOMBARD, français de la maison ANCELLO et TELLO
- Monsieur RUIVO et Monsieur DA COSTA tous deux portugais de la maison espagnole SIMARO
Enfin, à Mbirou se trouve Monsieur FERRENOUD, gérant d'une factorerie de la société forestière Gondi Oubangui. Depuis la veille (15 Août 1914, les européens de DJAKA connaissaient officiellement la nouvelle de la déclaration de guerre que leur a apprise Monsieur FERRENOUD, la tenant lui-même de douanier allemand de Mbirou.
Les ordres sont lus aux européens de DJAKA; ils sont livrés aux commentaires et aux discussions de tous, y compris les subordonnés de Monsieur LOYRE. Celui-ci ne paraît pas très résolu à exécuter les instructions du lieutenant-gouverneur; il semble désireux de connaître l'avis des européens présents. Néanmoins pour se conformer à ce qui lui a été écrit au sujet de l'évacuation sur Liouesso des archives et des fonds de l'agence spéciale, il s'occupe de trouver les porteurs nécessaires; il n'a pas recours aux gens de DJAKA, déjà émus par les rumeurs qui circulent, pour ne pas les inquiéter davantage; il s'adresse à Liouesso mais il demande, en même temps, à Liouesso un renfort de gardes, ce qui semble dénoter son intention déjà formée de ne pas se replier lui-même vers l'intérieur, et d'essayer de résister, malgré les ordres de DJAKA II, à une attaque présumée possible, des Allemands.
Comment l'idée d'enfeindre les ordres reçus a-t-elle pu venir à Monsieur LOYRE ?
Monsieur LOYRE lui-même nous indique un certain nombre de motifs de sa détermination: crainte d'une attaque des Allemands; émotion et enthousiasme des indigènes Gondi à la nouvelle de la prise de Bonga; les indigènes Gondi, suivant Monsieur LOYRE, demandent des armes et veulent à tout prix se battre;
Une retraite sur Liouesso aurait été considérée par eux comme une fuite. A ces raisons il convient, sans doute, d'ajouter celles que font valoir plusieurs européens à la lecture des instructions arrivées de DJAKA II; il serait lâche d'abandonner les indigènes Gondi; si on part, les indigènes Gondi se soulèveront, se retourneront contre les européens et leur tireront des coups de fusil; laisser d'autre part, seul à DJAKA un agent de l'administration pour garder le poste, c'est exposer cet agent à être tué par les Allemands; Monsieur LOYRE est aussi de cet avis. Ces diverses considérations influent incontestablement sur Monsieur LOYRE, et dès ce moment, s'il a envoyé chercher à Liouesso les porteurs destinés au transfert, par mesure de précaution, des archives et de la caisse, sa décision est cependant prise, dans l'état d'exaltation patriotique où semble se trouver la population européenne, de rester lui-même avec son personnel à DJAKA, et d'y résister le cas échéant.
Des travaux de défense sont aussitôt commencés, dont suivant Monsieur le docteur VINCENS, Messieurs GRUYER et LEYGUE ont pris l'initiative; un fossé est creusé autour des cases du poste, Monsieur LOYRE parle pendant ce temps aux indigènes Gondi, usant de son influence sur eux pour soulever tout le pays contre les Allemands.
Les renseignements recueillis montrent que Mbirou est toujours calme, le douanier allemand, qui ne dispose que de rares fusils (six ou sept), se tient sur le qui-vive, prêt,à évacuer à la première alerte. On entrevoit donc la possibilité de s'emparer sans difficulté de ce poste.
Le 19 Août 1914 parvient la nouvelle officielle de la déclaration de guerre puis on apprend qu'il y a en aval de DJAKA, des mouvements de détachements allemands. Ces mouvements font redouter une concentration de forces ayant pour objet l'attaque de DJAKA. Il semble bien qu'alors, chez les fonctionnaires du poste, les intentions jusque là plutôt défensives font place à la résolution de prendre une offensive urgente.
Dans la journée du 20 Août 1914 arrive à DJAKA la chaloupe à vapeur NGOUBOU (hippopotame totem GONDI), de la société forestière, amenant dix français agents de cette société, Messieurs DIELENSCHNEIDER, GIRARD, DE CHARNACE, BOURNIQUE, FAUST, BEAU, BRUCH, BRIDE, MAURICE et COLIBERT. Cinq d'entre eux, Messieurs DIELENSCHNEIDER, DE charnace, BOURNIQUE, BEAU et COLIBERT ont été évacués de Nola par le lieutenant chef du poste impérial, après engagement pris de ne rien faire contre les autorités allemandes. Quatre autres, Messieurs Girard, Faust, Bruch et Bride, montaient sur Nola quand ils ont rencontré à Salo les cinq agents sus nommés qui les ont mis au courant de la situation; rebroussant chemin, ils sont descendus eux aussi sur DJAKA. Enfin Monsieur Maurice, gérant de la factorerie de Bomassa, a pris aussi place à bord au passage de la chaloupe NGOUBOU dans cette localité.
Ce renfort imprévu au chiffre de 22 l'effectif total des européens présents à DJAKA, et ne fait que fortifier les fonctionnaires du postes dans leur dessein d'agir, d'autant plus que les renseignements apportés par les nouveaux venus paraissent des plus encourageants; le lieutenant de Nola est démoralisé; il ne dispose que d'une quinzaine de miliciens; les colonnes Fabricius et Von Stein sont reparties sur Bouéa. M. Loyre sait, d'autre part, que la station de Moloundou a peu de défenseurs. Il connait la prise de Bonga, de Zinga et de Mbaiki par les troupes françaises. Des perspectives tentantes s'ouvrent à lui. Sa confiance dans la coopération des indigènes Gondi et dans le succès de sa tentative est entière. Il écrit sa lettre n° 857 à l'inspecteur des affaires administratives; tout le pays va se soulever, à son instigation, contre les Allemands; les postes non seulement de Mbirou mais aussi d'Ikelemba seront très prochainement entre ses mains, et le GONDI est sur le point de redevenir français; il demande à M. Leprince de transmettre ces nouvelles au lieutenant gouverneur; il termine sa lettre par le cri de"Vive la France!" dans lequel il résume ses espoirs de conquête.
Monsieur LOYRE ne croit pas pouvoir laisser ignorer aux européens qui viennent d'arriver les ordres reçus de DJAKA II, il leur en donne connaissance, mais il leur fait part aussitôt de son intention de ne point s'y conformer et de prendre au contraire l'offensive en attaquant le poste de Mbirou. Il compte sur leur concours pour le succès de cette entreprise leur montre qu'ils ne peuvent refuser d'accomplir leur devoir de français.
Ce discours patriotique ne parait produire sur les dix nouveaux venus qu'un effet relatif.
Ils viennent de quitter le territoire allemand, ils sont heureux de se retrouver en terre française; après la fatigue du voyage, ils désirent surtout du repos. Ils n'ont point l'exaltation et l'humeur combative des gens de DJAKA; ils voient les choses avec plus de calme, et l'aventure qu'on leur propose ne semble pas les enthousiasmer. M. de Charnace; ancien officier que M. Loyre indique cependant comme étant un des plus ardents à vouloir se battre n'est même pas d'avis qu'on essaie de résister à DJAKA; il déclare au docteur Vincens qu'une pareille tentative lui parait impossible avec les moyens dont on dispose. MM. Colibert, Faust et Bournique disent, d'autre part au docteur Vincens qu'ils veulent être enrôlés régulièrement pour ne pas s'exposer à être fusillés comme franc-tireur. M. Girard avoue n'avoir jamais tiré un coup de fusil et ajoute qu'il fera un "triste guerrier".M.Dielenschneider, Inspecteur de la société forestière reproche à son agent; M. Ferrenoud, sujet Suisse, lequel en raison de sa nationalité aurait du rester étranger aux préparatifs de combat qui s'élaborent d'avoir abandonné son poste (M. Ferrenoud s'était enfui de Mbirou le 18 Août 1914, malgré la surveillance du douanier allemand). Les autres agents de la société forestière descendus du haut, notamment MM. Bruch et Beau sont non moins hostiles à l'entreprise.
Cette attitude cause de l'irritation chez les fonctionnaires du poste. Messieurs Gruyer et Leygue disent tout haut que les agents de la société forestière ne veulent pas se battre. Le mot "lâche" est prononcé. Monsieur Gruyer estime que l'administrateur devrait forcer les français à prendre les armes. Ces propos viennent aux oreilles des intéressés. Il y a de l'effervescence.
Le 21 Août 1914, Monsieur Loyre a une explication assez orageuse avec Monsieur Dielenschneider. Dans la journée arrivent les porteurs demandés le 17 à Liouesso. On apprend le débarquement à Mbirou de miliciens allemands. Cette dernière circonstance précipite-t-elle les évènements?. Monsieur Dielenschneider s'est-il laissé convaincre de l'opportunité de l'action offensive projetée? Toujours est-il que ce jour là l'attaque de Mbirou est décidée. Dans l'après-midi M. Loyre avise les agents de la société forestière que les armes leur seront remises au poste.
Ces armes sont des fusils Gras modèle 1874. On laisse aux gardes régionaux leur mousqueton modèle 92, Monsieur Loure craignant que si on les leur retire pour les donner au européens on ne leur enlève toute confiance.
Les dispositions suivantes ont arrêtées: dix sept européens doivent prendre part à l'attaque de Mbirou: Messieurs Dielenscheneider, Bournique, Beau, Colibert, De Charnace, Girard, Maurice,Faust, Bride, Perrenoud, Coussi,Gruyer,Leygue, Potard, Guezille, Mattos et Bruch.
Monsieur De Charnace, ancien officier, est placé à la tête d'un détachement de 20 gardes et de 44 partisans Gondi armés, il doit attaquer Mbirou par la rive gauche du fleuve Gondi.
Les 16 autres européens, sous le commandement de Monsieur Gruyer, avec 10 gardes et quelques boys doivent rejoindre Mbirou par la rive droite du fleuve Gondi.
Monsieur Loyre reste à DJAKA, ainsi que le docteur et madame Vincens, Monsieur Beau, et deux portugais Messieurs Ruivo et Da Costa.
L'offensive contre Mbirou doit être prise le 22 au petit jour. Le détachement de Monsieur De Charnace doit commencer l'attaque, et dès le premier coup de feu le détachement de Monsieur Gruyer doit traverser le fleuve Gondi pour lui prêter main forte.
Le NGOUBOU restera sous pression pour partir à Mbirou au premier signal avec quatre caisses de cartouches.
En exécution de ce plan, Monsieur De Charnace et ses hommes traversent le fleuve Gondi dans l'après-midi du 21 Août 1914 pour gagner la rive gauche en face de DJAKA.
Quelques instants après, le deuxième détachement se met en marche sur la rive droite, par la route de Souasoua.
Le docteur Vincens réquisitionne Monsieur Beau comme infirmier lui donne un brassard. Une infirmerie est installée dans le poste, sur lequel on hisse le drapeau de la croix rouge.
Monsieur Loyre, le docteur Vincens et sa femme, Beau, Ruino et Da Costa passent la nuit sous la véranda du poste à guetter les bruits.
Dans la nuit du 21 au 22, on reçoit un mot de Monsieur Gruyer demandant 30 hommes de secours et des vivres.
Le 22 au matin un grand feu s'élevant au dessus de Mbirou fait supposer à Monsieur Loyre que le poste a été pris.
Le NGOUBOU conduit par Monsieur Bride, descend avec les quatre caisses de cartouches.
Un mot de Monsieur Bride apprend peu après à Monsieur Loyre la prise de Mbirou et la fuite des Allemands.
Mais vers une heure et demie de l'après midi une seconde lettre du même donne de moins bonnes nouvelles; les bateaux allemands sont signalés montant d'Ikélemba sur Mbirou, des secours sont demandés immédiatement, les français risquent d'être pris Monsieur Loyre envoie aussitôt quelques hommes.
Sur les péripéties de l'attaque et du massacre on ne possède que le récit du seul européen qui a réussi à s'échapper Monsieur Bruch. Je me borne à le reproduire ci-après " nous passons la nuit du 21/22 en forêt. Le 22 au point du jour, dès le premier coup de feu, nous accostons, et Monsieur De Charnace nous apprend que le douanier a pu fuir en pirogue avec des miliciens vers Ikélemba.
Vers neuf heures et demie du matin, le vapeur NGOUBOU avec Monsieur Bride arrive à DJAKA, envoyé par Monsieur Loyre avec quatre caisses de cartouches".
Monsieur Gruyer, chef de détachement propose alors de descendre le fleuve Gondi pendant une heure à la poursuite du douanier"
"Nous embarquerons à quelques uns, mais à peine à 15 minutes de Mbirou, nous apercevons deux bateaux allemands venant vers nous, le Bonga et le zoner". Nous faisons demi-tour et arrivons à Mbirou en criant à ceux qui y étaient restés que deux bateaux allemands arrivent. Monsieur Gruyer nous dit d'accoster et d'aller à terre, ce que nous faisons. Nous sommes tous réunis et prêts à combattre, mais sans plan d'attaque ou de défense, chacun propose et rien n'est adopté.
Le combat a dû commencer vers 11 heures et demie. Les vapeurs avaient débarqué des miliciens en aval du poste et l'attaque par la brousse venait à la fois derrière et côté Sud de Mbirou et par la rivière, d'où les assaillants restés à bord ouvrirent le feu.
Monsieur De CHARNACE avec des miliciens s'étaient dirigés vers la partie Sud du poste.
Le combat dura longtemps, peut-être deux heures. Comme je l'ai dit, la plupart de nos munitions ne valaient rien.
Les camarades étaient tous morts ou blessés et je réussis à m'enfuir dans la brousse et conduit par un Gondi, au prix de mille difficultés, j'arrivai en face de DJAKA, d'où je puis gagner le poste français par pirogue.
C'est vers 3 ou 4 heures de l'après-midi que Monsieur Bruch, les pieds et les jambes nus et ensanglantés, arrive à DJAKA avec quelques gardes et indigènes Gondi, il est dans un état d'affolement bien compréhensible si l'on songe aux émotions violentes par lesquelles il vient de passer, il annonce la sinistre nouvelle, montre l'arrivée des Allemands imminente et veut fuir de DJAKA ou plus vite pour ne pas tomber entre leurs mains..
L'effet produit par l'arrivée de Monsieur Bruch est immédiat. Son affolement se communique instantanément aux autres européens et aux indigènes. Ceux-ci effarés, prennent aussitôt la fuite en criant et gesticulant. On voit déjà les Allemands faisant irruption à DJAKA. C'est la panique, un sauve qui peut général, impossible aux européens de trouver des porteurs. Après avoir, en toute hâte, rassemblé quelques effets personnels, Messieurs Loyre, Beau, le docteur et madame Vincens se mettent en marche vers Liouesso, Monsieur Bruch qui a perdu quelques instants pour confier à Monsieur Ruivo un certain nombre de colis, les rejoint un moment après.
Tellement précipité est ce départ qu'aucune disposition n'est prise par Monsieur Loyre pour assurer la protection des archives et du matériel, pour placer en lieu sûr, cacher ou faire disparaître coûte que coûte les fonds de l'agence spéciale, déjà cependant mis en caisse; les portes du poste sont laissées ouvertes; le pavillon français lui-même est oublié. C'est un Portugais, Mr Ruivo, qui l'enlève et le conservera chez lui jusqu'au jour où il le remettra à l'administrateur-adjoint Bourdil.
Après deux jours d'un voyage particulièrement pénible et que complique la présence de madame Vincens, les cinq européens parviennent à Liouesso.
Les Allemands n'entrent à DJAKA que 26 heures après le départ de français, le 23 Août 1914 à 6 heures du soir, ils y trouvent les deux seuls européens qui y sont restés Messieurs Ruivo et Da Costa.
CONCLUSION:
L'enquête effectuée sur la malheureuse affaire de Mbirou montre les fautes nombreuses commises par Mr Loyre.
S'il avait eu de la discipline et de la fermeté, on n'aurait pas eu, c'est probable, à déplorer le désastre qui a couté la vie à seize européens.
Mr Loyre avait reçu des ordres formels, nets, précis ne pouvant donner lieu à interprétation. Il devrait les suivre. Des empêchements majeurs l'ont- ils mis dans l'impossibilité matérielle, absolue de les exécuter?. On ne peut le prétendre, et lui-même ne l'a pas prétendu. Il s'est borné à essayer de justifier son attitude par des considérations tirées de la situation politique locale. Il ne peut y trouver d'excuse, car possédant des ordres formels, il n'était pas juge de la conduite à tenir.
Il a décidé ensuite, ou laissé décider, l'attaque de Mbirou, dans les conditions déplorables d'imprévoyance ne prenant aucune des précautions qu'aurait dû suggérer le simple bon sens, lui-même a jugé inutile de s'exposer au péril de l'aventure qu'il avait conçue; il a envoyé ses compatriotes au massacre, mais il est à DJAKA.
A la nouvelle du désastre, il perd tout son sang -froid, et prend la fuite, abandonnant tout, archives, fonds et pavillon.
Mr Loyre compte aujourd'hui 28 années des services dont 25 dans l'administration coloniale. Il s'était montré toujours fonctionnaire irréprochable.
C'est un de mes meilleurs administrateurs, intelligent, actif, consciencieux, possédant une parfaite connaissance de l'autochtone et du pays, faisant de l'excellente politique indigène. Je n'avais jamais eu que des éloges à formuler sur sa façon de servir. J'estime qu'on ne peut pas ne lui tenir compte de son passé administratif, et je ne vous demanderai pas de le frapper d'une de ces mesures extrêmes (révocation ou rétrogradation) qui, équitablement, me semblerait disproportionnée, non point peut être à la gravité de la faute, mais au cas particulier du coupable.
Il est de plus permis de douter sérieusement, quand on examine attentivement les circonstances de l'affaire, que sa responsabilité ait bien été entière. De mon voyage à DJAKA, de ce qui m'a été raconté, j'ai rapporté l'impression que ce fonctionnaire s'était laissé influencer par son entourage, n'avait su, dans l'exaltation causée par les événements dont l'annonce lui était parvenue, ni se dominer, ni dominer les autres, avait été trop faible pour imposer une décision, avait suivi l'entraînement général. Avait en un mot complètement manqué d'autorité. A aucun moment dans cette affaire, il ne s'est comporté comme un chef véritable, cette défaillance qui a été si grosse de conséquences, me parait pouvoir s’expliquer chez Mr Loyre par la "fatigue coloniale", si je puis ainsi m'exprimer comme beaucoup, hélas, de coloniaux qu'ont usés à la longue de nombreux séjours outre-mer, Mr Loyre me semble aujourd'hui dans cette catégorie de fonctionnaires auxquels il n'est plus possible de confier d'importants commandements.
Pour ces divers motifs, j'ai l'honneur, Mr le Gouverneur général,de vous proposer de vouloir bien solliciter du département la mise à la retraite d'office de cet administrateur, pour ancienneté de service. En terminant le présent rapport, j'ajoute à titre de renseignement qu'en raison des faits ci-dessus exposés, j'ai cessé de comprendre Mr Loyre au nombre des candidats du Moyen Kongo proposés pour la croix de chevalier de la légion d'honneur.
Gouverneur du Moyen Kongo
Lucien FOURNEAU.
II- L’INTERPRÉTATION DE LA BATAILLE DE DJAKA:MBIROU II, DU 22 AOUT 1914 A PARIS EN FRANCE:
" Les graves événements qui se déroulent chez nous, et qu'au jour le jour nous suivons avec passion, absorbent toute notre attention. Cependant, au loin, dans le magnifique empire africain que nos soldats avaient conquis au prix de tant d'intrépides efforts, et qu'un brutal chantage nous avait arraché en partie, voilà deux ans, se poursuit une oeuvre de réparation qui mérite de ne pas demeurer inaperçue: les lambeaux du Kongo qu'on nous avait extorqués par menace sont maintenant redevenus français.Une autorité vigilante s'était préparée, dès le premier jour, à cette reprise. Le dimanche 2 Août 1914, un détachement de tirailleurs était embarqué sur le Largeau, à destination de Mossaka. Il y devait attendre la nouvelle officielle de la déclaration de guerre pour bondir sur le poste allemand de Bonga, qui commande l'une des fameuses"piqûres" du Cameroun à travers notre colonie, la méridionale. Le 5 Août 1914, c'était chose faite.
Dans le même temps, tout le Bas Gondi était nettoyé des bateaux allemands qui auraient pu menacer nos communications avec Bangui, tandis qu'une colonne se formait à DJAKA II et venait bientôt occuper Picounda, sur le fleuve Gondi.
Mais, au Nord, un drame rapide se déroula que nous fûmes impuissants à prévenir. Les Français établis sur le Haut Gondi, étaient venus, aux premiers bruits de guerre, se réfugier à DJAKA. Avec ce bel entrain qui est de race, ils décidèrent d'attaquer eux-mêmes, et sans attendre d'aide, le poste ennemi de Mbirou, à une heure de pirogue en aval. Cette audace réussit. Mais le succès grisa nos infortunés compatriotes. Ils négligèrent de se garder. Les miliciens qui leur avaient échappé, redescendant le fleuve, y rencontrèrent un bateau allemand qui ramenait vers Molundou, avec des fuyards de Bonga, les effectifs de Picounda et d'Ikelemba. Une partie de ces troupes furent débarquées et une attaque vigoureuse, conduite à la fois par terre et par eau, fut dirigée contre les vainqueurs de Mbirou. Surpris tandis qu'ils déjeunaient, les nôtres se défendirent vaillamment.Ilsdevaient succomber sous le nombre. Dix-sept d'entre eux périrent. Un seul des Européens put s'échapper. Il courut à DJAKA y porter la terrible nouvelle. Le poste était hors d'état de résister. On l'évacua. Les Allemands l'occupèrent sans coup férir, le pillèrent et saccagèrent les factoreries de la région. Au surplus, prévoyant de fatales représailles, ils ne s'y attardèrent pas longtemps; à la fin Août 1914, l'administrateur adjoint Bourdil y rentrait, précédant de quelques heures une colonne commandée par le lieutenant- colonel Hutin. Quelques combats heureux purgèrent la région de tout adversaire, et, après avoir mis DJAKA en état de résister à une nouvelle agression, le colonel Hutin remonta le cours du fleuve Gondi, embarquant une partie de ses forces sur le fleuve, conduisant le reste par terre.
La marche à travers les marais fut pénible, et l'ennemi fit tout,ce qui était en son pouvoir pour l'arrêter. Il fallut se battre à Dzimou, à Bomassa, avant d'arriver, enfin, devant Nola. Là une action s'engagea sur la rive gauche du fleuve Gondi. Une attaque, par trois côtés, du poste allemand, action vigoureuse au cours de laquelle notre petit 80 de campagne fit merveille, emporta la position; le lendemain, 18 Octobre 1914, les Allemands se rendirent.
Cependant, un détachement ennemi, parti de Molundou, s'était jeté sur le poste que nous avions organisé à Dzimou, s'en était emparé et coupait nos communications avec DJAKA.
Les Belges de l'Afrique centrale nous prêtèrent alors une aide précieuse: le 25 Octobre 1914, 150 de leurs tirailleurs venaient se joindre à la garnison de DJAKA. Le lendemain, sous la haute direction du général Aymerich, commandant supérieur des troupes de l'Afrique équatoriale, partait, vers Dzimou, une reconnaissance offensive à laquelle prenait part Mr Lucien Fourneau, lieutenant-gouverneur du Moyen Kongo. D'acier et de traverses métalliques de chemin de fer. Le Luxembourg, vapeur prêté par le gouvernement du Kongo belge, ouvrait la marche. A midi, après quelques heures de navigation, la flottille était attaquée: deux mitrailleuses allemandes, parfaitement dissimulées, ouvraient le feu, de la rive. Le canon de 47 mm du Luxembourg répondit de son mieux. Mais la passerelle du bateau, où l'ennemi avait vite constaté la présence d'Européens, était, pour les mitrailleurs, une cible magnifique. Ce fut là que, vers 3 heures, Mr Fourneau, déjà blessé légèrement à la figure, reçut une balle qui lui traversa la poitrine de gauche à droite. Le gouvernement vient de signaler au pays, dans un ordre du jour, sa noble conduite. Une compagnie et demie d'infanterie avait été débarquée en aval de Dzimou pour attaquer l'ennemi sur son terrain même, tandis que les bateaux poursuivaient la lutte sur le fleuve Gondi. On put reconnaître, jusqu'au matin, les troupes ce jour là, que Dzimou était fortement occupé. On rentra le soir à DJAKA. Après y avoir débarqué les bateaux qui la conduisaient, avaient été protégés au moyen de plaques blessés, on en repartait le 28. L'attaque fut conduite tout aussi vaillamment que la veille. La nuit seule interrompit le combat. De terre demeurèrent dans l'eau jusqu'aux aisselles. Leur élan dans l'assaut final n'en fut point atténué. Le 29 Octobre 1914, vers 11 heures,une véhémente charge à la baïonnette enlevait le village, tandis qu'une partie de la colonne Hutin, redescendue de Nola, prenait l'ennemi à revers. Ce fut une victoire complète. D'autre-part, une autre force, venue de Bangui, la colonne Morisson, faisait dans la "piqûre" Nord la même excellente besogne, enlevait Zinga, Mbaiki, Bania, Carnot. A la fin Octobre 1914 tous les territoires Gondi étaient redevenus français.(Sous occupation)."
III- L’INTERPRÉTATION DU GÉNÉRAL DE BRIGADE MOUKANDA VICTOR SUR LA BATAILLE DE DJAKA: MBIROU II, DU 22 AOÛT 1914.
" En 1905, en se rendant à Tanger, l'Empereur Guillaume II d'Allemagne vouait un grand intérêt pour le Maroc mais la Conférence internationale de 1906 tenue en Algesiras(port d'Espagne en Andalousie) ne fut pas à son avantage. Il signa un accord avec la France à qui il reconnaissait la prédominance politique sur le Maroc, sous condition d'une exploitation économique commune de ce pays et du Gondi- Ngoko. Là encore, les Allemands se firent flouer. Lorsque les Français occupèrent FEZ le 21 Mai 1911, l'Allemagne répondit en débarquant à Agadir le 1er Juillet 1911. L'Empereur Guillaume II, exigea que la France lui cédât tout le Kongo(Tchad,OUBANGUI CHARI et GONDI), mais devant l'hostilité anglaise, il réduisit ses prétentions à un morceau de territoire lui donnant une façade sur le Kongo et l'Oubangui Chari. Le 4 Novembre 1911 l'accord fut paraphé à Berlin; l'Allemagne abandonna le Maroc et reçut en contre partie près de 259.000 Km2 pris à la Guinée Espagnole avec accès à l'Atlantique, le Nord du Gabon toue la rive gauche de la Ngoko et le Gondi jusqu'au fleuve Kongo. Par ce même accord, la France céda à l'Allemagne, une partie de la Likouala. Les vives protestations de l'épouse de Pierre Savorgnan De Brazza, auprès du gouvernement français n'eurent aucun effet. Ainsi naquit le Cameroun.
En 1914, le conflit paraissait inévitable et les pays européens se préparaient. Ils établirent des alliances pour se protéger en cas d'attaque:
- la triple entente rassemblant la France, la Russie et le royaume Uni.
- la triple alliance comprenant l'Allemagne, la Hongrie, l'Autriche et l'Italie.
La situation était explosive et l'assassinat le 28 Juin 1914 à Sarajevo, du Prince héritier de l'Empire Austro- Hongrois François Ferdinand devint le détonateur.
Le jeu des alliances transforma un conflit local en un conflit européen puis mondial. le 03 Août 1914,l'Allemagne déclara la guerre à la France, cette dernière décida de mobiliser les potentiels humains, économiques et matériels des colonies.
Les hostilités ouvertes en Europe ne pouvaient manquer d'avoir leur contre coup en Afrique Equatoriale française, qui sur près de 3000 kilomètres avait une frontière commune avec le Cameroun allemand.
Le bassin Gondi et le Nord du Gabon composaient la majeure partie des terres que l'Allemagne par ses manœuvres au Maroc avait pris, à la France en 1911. Cela constituait pour la France une sorte d'Alsace-Lorraine.
Profitant des hostilités déclarées, Mr Loyre Emile administrateur chef de la circonscription de DJAKA décida de recouvrer ce qui avait été enlevé en 1911 à l' Afrique Equatoriale française. C'est ainsi qu'il organisa, l'attaque de Mbirou dans la nuit du 21 au 22 Août 1914. Un combat particulièrement farouche s'était engagé entre les deux forces. De seize(16) européens, vingt(20) miliciens et quarante quatre(44) indigènes enrôlés, seul Brush survécut.
Dès l'annonce de cette déroute se fut la débandade à Djaka. La retraite vers Liouesso fut entreprise dans la hâte et dans la confusion générale. Sans peine les Allemands occupèrent DJAKA le 23 Août 1914. Les habitants de DJAKA subirent un calvaire, car employés pour le portage des caisses et des colis de toute nature.C'est donc beaucoup de jours plus tard, le 29 Août 1914, que DJAKA fut libéré, après une attaque vigoureuse menée par les troupes françaises et celles venues du Kongo belge.
Pour la commémoration du centième anniversaire de la bataille de Mbirou, l'Ambassadeur de France Mr Jean Pierre Vidon et l'Ambassadeur de l'Allemagne Mr Thomas Streder, le Ministère de la Défense nationale et le département de la "Sangha"(île) ont réhabilité la Stèle qui symbolisera désormais la Réconciliation Franco-Allemande.
En 1914, le village Mbirou, situé à 12 kilomètres de DJAKA en aval du fleuve Gondi sur la rive gauche était le poste des douanes allemands le plus proche de la colonie du Moyen Kongo?.
La nouvelle de l'état de guerre entre l'Allemagne et la France ne parvient officiellement à DJAKA que le 10 Août 1914 alors qu'à DJAKA II, elle est connue depuis le 29 Juillet 1914. Mais en réalité dès le 15 Août 1914, la nouvelle circulait dans la circonscription de DJAKA. Le chef de la circonscription, Loyre, était effectivement mis au courant de l'état de guerre par une source d'origine allemande:
"Des nouvelles venues de Mbirou le 15 Août 1914 m'avaient informé officiellement de la guerre"
La nouvelle était partie effectivement d'un agent de la compagnie forestière Gondi Oubangui à Mbirou, Perenoud, a qui le douanier allemand de ce poste avait communiqué un télégramme lui faisant connaître que français et Russes avaient sans déclaration de guerre ouvert les hostilités contre l'Allemagne.
Cette information de source allemande fut confirmée le lendemain par une source française: le 16 Août 1914 le chef de circonscription recevait un courrier rapide parti de DJAKA le 1 er Août 1914,pour apporter à l'administration de DJAKA non seulement la confirmation de l'état de guerre mais aussi et surtout lui communiquer des ordres formels du Lieutenant gouverneur de la colonie:
" Évacuer DJAKA et n'y laisser qu'un collaborateur et quelques gardes"
Mais estimant qu'il était déjà trop tard pour opérer une évacuation, et surtout pour éviter de se reconsidérer aux yeux de ses gouvernés, car " entreprendre un repli ressemblerait beaucoup plus a une fuite" se défendit-il, l'administrateur de DJAKA préféra organiser la défense de son poste.
Son plan était clair:
Attaquer le premier, l'ennemi afin de faire redevenir français tout le Gondi.
Il disposait pour cela d'une quarantaine de miliciens, de 22 européens (les 6 fonctionnaires de DJAKA, les 6 commerçants de DJAKA, auxquels se sont ajoutés les 10 Européens arrivés de Nola et de Salo), de plus, il était certain de l'appui des partisans indigènes qu'il estimait à une centaine.
Avec ces forces, il était certain de donner l'assaut sur Mbirou et surtout de repousser les positions allemandes .
Des indices certains avaient montré au chef de circonscription de DJAKA que les Allemands n'étaient pas les adversaires redoutables. Les nouvelles venues de Nola laissaient apparaitre un découragement allemand. A cela venait s'ajouter la prise de Zinga, Mbaiki. Tout cela éveille le désir de l'action.
En possession donc de tous ces éléments, le chef de la circonscription de DJAKA décide d'être le premier à attaquer. Une enquête ultérieure confirmera cette précipitation française;"ce sont des tirailleurs français venus de haut qui ont attaqué l'ennemi les premiers et les ont poursuivis encore sur la Ngoko"
L'ordre chronologique des événements est d'ailleurs bien aisé à rétablir, grâce surtout au témoignage capital apporté par Brush, le seul survivant européen de la bataille de Mbirou.
"La veille de la bataille, le 21 Août 1914 soir, un conseil de guerre de la circonscription est présidé par son chef et se tint à la résidence; de celui-ci.Ce fut un conseil de guerre très animé où l'unanimité ne se fit pas autour du programme du chef de la circonscription.
Toutefois l'attaque fut prévue pour la nuit du 21 au 22 Août 1914. Il était entendu qu'on allait attaquer Mbirou le 22 Août 1914 au petit matin, nous étions en marche le 21 vers 4 heures de l'après-midi. Et nous avons passé la nuit dans la forêt. Le 22 Août 1914 au point du jour, dès le premier coup de feu convenu, nous traversons le fleuve Gondi.
L'attaque de Mbirou s'était faite par deux détachements. Le premier composé de 20 miliciens et de 44 indigènes était placé sous le commandement de DeCharnace Hubert, ancien lieutenant, agent de la compagnie forestière du haut Oubangui. Ce détachement attaqua le poste allemand de Mbirou par la rive allemande du Gondi. Le reste les 16 Européens avec 10 autres miliciens et quelques indigènes attaquèrent Mbirou par la rive droite, celle-là, à bord d'un navire le "NGOUBOU". Le détachement était commandé par Gruyer, l'agent spécial de la circonscription.
La suite des événements a montré que du côté allemand, des dispositions étaient prises pour évacuer Mbirou dès le premier signe d'attaque française. D'ailleurs le douanier allemand était au courant de l'assaut français.
Une habitante de DJAKA, ayant appris la décision des blancs de DJAKA d'attaquer Mbirou et craignant pour la vie de son frère habitant le village de Mbirou, partie en pirogue le prévenir de ce qui allait se passer. Prévenu celui-ci alla trouver le douanier allemand chef de poste, lui révélant ce qu'il tenait de sa sœur.La suite est tout à fait prévisible.
Sans perdre le temps, le chef de poste des douanes allemandes de Mbirou, envoya une une pirogue rapide à Ikélemba, annonçant au chef de station l'attaque de son poste par les français.
Ensuite il prit toutes les dispositions pour effectuer un repli dès le premier coup de fusil.
De son côté alerté par le courrier rapide, le chef de la station d'Ikélemba, Young, sans perdre de temps embarqua une quarantaine de miliciens sur "Bonga" et le "Zeune".
Revenant à l'attaque surprise française, dont le plan fut exécuté comme prévu par le conseil de guerre de la circonscription. Voici ce qu'en dit le chef de la circonscription lui-même:
"Dans la matinée du 22 Août 1914, vers 9 heures, un grand feu s'éleva de Mbirou les cases du village et le magasin furent incendiés.Je fis descendre dans cette direction la chaloupe de la compagnie forestière Gondi Oubangui avec quatre caisses de munitions et des vivres comme il était convenu. Le capitaine de cette chaloupe m'envoya bientôt une note pour m'apprendre que Mbirou était pris et que les Allemands s'étaient enfuis".
Mais il apparaît par la suite que les français étaient tombés dans le piège qui leur était tendu. Au coup de feu,le douanier allemand de Mbirou quitte le poste. Et Gruyer le chef du détachement "de la rive droite" donne l'ordre de descendre le fleuve Gondi à la poursuite du douanier allemand. Mais à quelques kilomètres de Mbirou, une distance que BRUSH évalue à 15 minutes, les forces françaises aperçoivent des bateaux allemands, ceux qui venaient d'Ikélemba pour venir à l'assaut des forces françaises, prêter main forte au poste de Mbirou.
N'ayant pas prévu pareille riposte de l'adversaire, c'est la panique au sein des troupes françaises. Nous faisons demi -tour vers Mbirou en criant à ceux qui étaient restés à terre que deux bateaux allemands arrivaient. Nous mettons pied à terre prêts à combattre. Mais aucun plan d'attaque ou de défense n'est adopté.
Ils firent demi tour exécutèrent un repli aussitôt interprété par les français comme une fuite. Alors qu'en fait, les Allemands s'étaient divisés en deux détachements. L'un resté à bord des bateaux attaqua les assiégeants par le fleuve et l'autre attaqua par la forêt. De sorte que, ce sont à leur tour, les français qui furent attaqués et pris entre deux feux.
Les forces françaises, surprises par la rapidité de la riposte allemande cherchèrent à fuir à bord du bateau qui malheureusement manifesta les difficultés de démarrage.
Un combat particulièrement farouche s'engagea entre les deux forces en présence. Sur la dureté et l'âpreté du combat, nous avons le témoignage du seul survivant européen.
"Le combat dura longtemps, peut être deux heures.. La plupart de nos camarades étaient blessés ou morts. Je réussis à m'enfuir dans la brousse et au prix de beaucoup de difficultés j'arrivais en face de DJAKA d'où je puis gagner le poste en pirogue"
Du côté des français c'est un véritable sacrifice. Les pertes sont énormes. Des 18 européens, de la quarantaine de miliciens et des partisans indigènes enrôlés dans les détachements, seul Brush donna signe de vie au poste de DJAKA.
A DJAKA dès l'annonce de cette déroute, c'est la débandade.La retraite vers Liouesso est entreprise dans la hâte et dans la confusion générale.
Conséquence, les Allemands occupent sans peine DJAKA jusqu'au 29 Août 1914. En dehors des pertes humaines le village et le poste de Mbirou furent complètement détruits.
La vie quotidienne des populations indigènes de DJAKA fut considérablement perturbée: les cases du village des travailleurs Loango, des pêcheurs et des artisans furent détruites.
Les arbres du poste, la forêt avoisinante ont été abattus de sorte que tout fut à découvert en vue d'une défense éventuelle du poste de DJAKA..
Les conditions d'existence des habitants comme le témoigne une note confidentielle de l'administrateur de la circonscription de Bokiba au lieutenant Gouverneur devinrent précaire.
Les habitants de DJAKA sont mis journellement à la disposition de l'autorité militaire et les rares villages situés entre Gondi et Kandéko vivent dans une crainte perpétuelle. Ils sont employés pour le portage des caisses, des colis de toutes les natures ou des vivres indigènes.
Les Allemands occupèrent DJAKA jusqu'au 29 Août 1914, après une contre attaque menée par les troupes françaises, anglaises et celles venues du Kongo Belge.
Pour la commémoration du centième anniversaire de la bataille de Mbirou, l'ambassade de France, l'ambassade d'Allemagne, le ministère de la Défense nationale et le Département du Gondi ont réhabilité laSTÈLE QUI SYMBOLISERA DÉSORMAIS LA RÉCONCILIATION FRANCO-ALLEMANDE.
IV- L’INTERPRÉTATION DE MADAME BELINDA AYESSA SUR LA BATAILLE DE DJAKA: MBIROU II, DU 22 AOÛT 1914:
"Mbirou: un autre lien historique entre la France et le Kongo"
Sources: http://www.brazzaville-adiac.com- 20/08/2004
30 JUILLET 2004: Il est des histoires communes qui unissent les nations mieux que des traités. Celles que partagent le Kongo et la France depuis le jour où Pierre Savorgnan de Brazza pénétra sur les terres du royaume téké sont nombreuses, les unes bien connues comme la rencontre de l'explorateur avec Iloye 1er Makoko en 1880, d'autres moins célèbres comme le sacrifice de soldats africains et français face aux Allemands en 1914.
En pleine cœur du Gondi, près de DJAKA, ville située à 850 Km de DJAKA II, dans le village de Mbirou, une Stèle de 2 mètres de haut commémore cet épisode quelque peu oublié de la Première Guerre Mondiale. Très convoité à cette époque par les puissances coloniales en raison de ses énormes potentialités économiques, le royaume Gondi fut le théâtre de sanglants combats qui opposèrent les troupes françaises et allemandes.
Bref rappel historique pour comprendre ce qui se passa à Mbirou. Le 28 Juin 1914 l'Archiduc François-Ferdinand, héritier de l'empire Austro-Hongrois était assassiné à Sarajevo, en Bosnie. Ce meurtre entraîna des réactions en chaîne dans une Europe travaillée par les nationalismes et servit de détonateur à la Première guerre mondiale qui éclata le 5 Août 1914. A cette époque, où deux blocs antagonistes coexistaient en Europe dans un dangereux régime de "Paix armée", l'Allemagne voulait se donner un"espace vital" en Europe et en Afrique afin de se procurer les débouchés nécessaires à son économie en pleine expansion. Et forts de l'idée qu'ils disposaient de la plus forte armée du monde Guillaume II, et son état major cédèrent à la tentation d'user de la force pour y parvenir.
C'est ainsi que le drame de Sarajevo se répercuta à des milliers de kilomètres de l'Europe à Mbirou, dans la forêt de DJAKA au royaume Gondi. La guerre sur le vieux continent s'étendit en effet à l'Afrique centrale où la conquête du Cameroun conduisit les forces françaises du Tchad et du Gabon, un corps expéditionnaire franco-anglais débarqué à Douala, des forces anglaises venues du Nigéria et des unités belges stationnées au Kongo à converger vers le fleuve Gondi. La bataille de Mbirou fût l'un des épisodes les plus sanglants de cette conquête.
Le 22 Août 1914 peu avant midi, un bateau à vapeur battant pavillon français et affrété par l'infanterie coloniale, partit de DJAKA et entreprit de descendre le fleuve Gondi. Une atmosphère de fête régnait à bord, officiers et soldats célébrant les brillantes victoires remportées sur les champs de bataille du Sud Cameroun et du Nord du Moyen Kongo. Les Allemands défaits, le drapeau tricolore flottait sur tous les postes administratifs de la région depuis Abong-Bang, Lomié et Djoum au Cameroun, jusqu'à Pikounda et Mossaka au Kongo en passant sur Souanké, Fort Soufflay(Ngbala) au Kongo. Après un parcours de 15 Km le bateau fit escale sur la rive gauche du fleuve Gondi, non loin d'un petit village de pêcheurs Boloualis appelé Mbirou. Le village était vide d'habitants, mais les militaires se mirent à festoyer, à danser et par deux fois entonnèrent la Marseillaise.
Tandis que la fête battait son plein un serviteur noir aperçut un bateau allemand qui approchait.Il se planta au garde-à-vous devant le plus gradé des officiers et le bras tendu lui dit:"Capitaine, je vois un bateau là-bas, trèsnloin, qui fait mouvement vers nous.Ce n'est pas un bateau français me semble-t-il." "Je m'en moque!", lui répondit brutalement le capitaine. D'autres serviteurs, inquiets de l'approche du bateau, prévinrent à leur tour un lieutenant, un adjudant et même un homme de troupe, mais ne parvinrent pas plus à attirer leur attention.
Dès que les soldats allemands eurent repéré le pavillon français, ils accostèrent en aval du village. Des hommes armés descendirent discrètement et longèrent la rive en se faufilant dans des buissons pour prendre à revers leurs adversaires. Puis ils ouvrirent le feu. Lorsque la fusillade cessa il ne restait aucun survivant du côté français. Des années plus tard, les parents et les amis de l'un des seize Européens massacrés ce jour là.Georges Potard, édifièrent la Stèle qui commémore le drame. Sur la plaque on peut lire cette inscription:
A la mémoire des Européens:
Gruyer F. Legue R. Coussi P. Potard C. Guézile A. Mattos A. Dielenschneider L. Girard M. De Charnacé. Maurice C. ColibertF. Perrenoud L. Bournique C. Faust P. Broe C. Combarb C.
Des gardes régionaux:
Samba C. Souleymane. Bala. Sandoua. Mamadou C. Bonga. Guimba. Koundé. Néron. Mano. Emily.
Tués glorieusement à l'ennemi au combat de Mbirou le 22 Août 1914.
Longtemps la stèle fut entretenue par les agents de la CIB avec l'aide des villageois de Mbirou et jusqu'au début des années quatre-vingt dix des Français venaient s'y recueillir le 14 Juillet. Mais aujourd'hui seuls les villageois se préoccupent de maintenir le lieu en l'état.
Madame Bélinda Ayessa
Directrice du Mémorial Pierre Savorgnan de Brazza
V -L’INTERPRÉTATION DU DIRECTEUR DÉPARTEMENTAL DU PATRIMOINE ET DES ARCHIVES DU ROYAUME GONDI MR ADOLPHE MASSAMBA SUR LA BATAILLE DE : MBIROU II, DU 22 AOÛT 1914.
" Le sujet a été longuement abordé entre l'Attaché de Défense de l' Ambassade de France au Gondi,le colonel Bruno Malet et le Directeur départemental du Patrimoine et des Archives du royaume Gondi.
Les deux hommes ont parlé précisément des festivités du centenaire de ce Monument de Mbirou et surtout de sa restauration. Car, celui-ci s'était écroulé dans la nuit du 11 Octobre 2011 des suites d'une pluie diluvienne appelée "Pluies de DJAKA". Cette réhabilitation a donc coûtée 150.000.000 Frs. Situé à 15 kilomètres de DJAKA, le site historique de Mbirou a atteint sa centième année. Une cérémonie digne de ce nom sera organisée sur ce site qui porte le nom de ce village. Elle connaîtra la participation active de la France, l'Allemagne et du Kongo,pays hôte. Auparavant, ce monument fera l'objet d'une réhabilitation avant la cérémonie officielle du centenaire le 22 Août 2014.
Que s'est-il passé réellement à Mbirou?
La Première Guerre Mondiale, qui éclata le 5 Août 1914, suite à l'assassinat de l'archiduc François Ferdinand, héritier de l'empire Austro- Hongrois le 28 Juin 1914, s'était étendu jusqu'en Afrique centrale. En effet, la conquête du Cameroun avait conduit les forces les françaises du Tchad et du Gabon, un corps expéditionnaire franco- anglais, à débarquer à Douala. Des forces anglaise venues du Nigéria et des unités belges stationnées au Kongo, ont convergé vers le Gondi. Ainsi, la bataille de Mbirou fut l'un des épisodes les plus sanglants de cette conquête.
En effet, le 22 Août 1914, un bateau français affrété par l'infanterie coloniale partit de DJAKA, entreprit de descendre le fleuve Kongo. Après un parcours de 15 kilomètres, le bateau fit escale sur la rive gauche du fleuve Gondi, au village Mbirou. Les militaires français se mirent à festoyer en chantant la Marseillaise, ils n'accordèrent aucune attention au bateau allemand qui accosta en aval du village avant que ses occupants ne descendent discrètement et surprennent les Français. Ils ouvrirent le feu, il n'y eut aucun survivant du côté français.
C'est ainsi qu'on peut lire sur la plaque l'inscription suivante:
" A la mémoire des Européens : Gruyer F. Legue R. Coussi P. Potard C. Guézile A. Mattos A. Dielenschneider L. Girard M. De Charnace. Maurice C. Colibert F. Perrenoud L. Bournique C.Faust P. Broe C. Combard C.
Des gardes régionaux :
Samba C. Souleymane.Bala; Sandoua. Mamadou C. Bonga. Guimba. Koundé. Néron. Mano. Emily.
Tués glorieusement à l'ennemi au combat de Mbirou, le 22 Août 1914".
Aussi, il sera érigé en ce lieu, par les ambassadeurs d'Allemagne et de la France, une autre stèle de réconciliation franco-allemande. Le Directeur départemental du Patrimoine et des Archives du royaume Gondi, se dit très satisfait de l'aboutissement de ce projet de réhabilitation qu'il pilote depuis quelque temps."
La Première Guerre Mondiale :1885-1920 . La Bataille de DJAKA du 22 Août 1914.La Première Guerre Mondiale :1885-1920 . La Bataille de DJAKA du 22 Août 1914.
La Première Guerre Mondiale :1885-1920 . La Bataille de DJAKA du 22 Août 1914.La Première Guerre Mondiale :1885-1920 . La Bataille de DJAKA du 22 Août 1914.La Première Guerre Mondiale :1885-1920 . La Bataille de DJAKA du 22 Août 1914.

lundi 3 novembre 2014

La Convention du 4 Novembre 1911: création du "NEW KAMERUN"

La France une fois de plus viole la Convention du 15 Mars 1894. Français et Allemands vont se retrouver à Berlin pour la signature d'une autre Convention le 4 Novembre 1911.
Le Kongo n'a pas de frontière avec le Cameroun colonie allemande, or la France en violant la neutralité belge le 26 Février 1885, avait oublié le fait qu'elle imposa le nom "Kongo" à la Belgique et qu'il fallait emprunter ce nom au vrai Kongo capitale Mbanza Kongo(San Salvador) colonie portugaise (actuel Angola capitale Luanda). Voici la Convention transcrite pour une bonne lecture qui a été publiée au Journal Officiel de l'Afrique Equatoriale Française du 22 Novembre 1912:
" 527 Journal Officiel de l'Afrique Equatoriale Française 22 Novembre 1912
LE PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE FRANÇAISE
Sur proposition du Président du Conseil,Ministre des Affaires Etrangères et du Ministre des Colonies,
DÉCRETE:
Art. 1er - Le Sénat et la Chambre des députés ayant approuvé la Convention signée à Berlin le 4 Novembre 1911, entre la France et l'Allemagne, relative à leurs possessions dans l'Afrique Equatoriale et les ratifications de cet acte ainsi que celles de la Convention relative au Maroc, également signée à Berlin, le 4 Novembre 1911, entre la France et l'Allemagne ayant été échangées à Paris le 12 Mars 1912, lesdites Conventions dont la teneur suit, recevront leur pleine et entière exécution.

CONVENTION
ENTRE LA FRANCE ET L'ALLEMAGNE RELATIVE A LEURS POSSESSIONS DANS L'AFRIQUE EQUATORIALE.
Le Gouvernement de la République française et le Gouvernement de S.M l'Empereur d'Allemagne, comme suit et complément de la Convention du 4 Novembre 1911 relative au Maroc, et en raison des droits de protection reconnus à la France sur l'empire chérifien, sont convenus de procéder à des échanges territoriaux dans leurs possessions de l'Afrique Equatoriale et ont résolu de conclure une Convention à cet effet.
En conséquent, M.Jules Cambon, ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la République française auprès de S.M l'Empereur d'Allemagne, et M. de Kiderlen-Waechter, secrétaire d'Etat des Affaires étrangères de l'Empire d'Allemagne après s'être communiqué leurs pleins pouvoirs, trouvés en bonne et due forme, sont convenus des dispositions ci-après:
Art. 1er- La France cède à l'Allemagne les territoires dont la limite est fixée comme il suit:
La frontière partira du côté de l'Atlantique d'un point à fixer sur la rive orientale de la baie de Monda, vers l'embouchure de la Massolié. Se dirigeant vers le Nord-Est, la frontière obliquera vers l'angle Sud-Est de la Guinée espagnole.Elle coupera la rivière Ivindo à son
confluent avec Djoua, suivra cette rivière jusqu'à Madjingo(qui restera français) et, de ce point, se dirigera vers l'Est, pour aboutir au confluent de la N'Goko et du fleuve GONDI, au Nord de DJAKA.
La frontière partira ensuite du fleuve GONDI, à un point situé au Sud du centre de DJAKA(qui reste français) à une distance de 6 kilomètres au moins et de 12 au plus de cette localité, suivant la disposition géographique des lieux. Elle obliquera vers le Sud-Ouest, pour rejoindre la vallée de la Kandeko, jusqu'à son confluent avec la Bokiba. Elle descendra celle-ci et de la Likouala, jusqu'à la rive droite du fleuve Kongo. Elle suivra le fleuve Kongo jusqu'à l'embouchure du fleuve Gondi, et de façon à occuper sur la rive du Kongo une étendue de 6 à 12 kilomètres qui sera fixée suivant les conditions géographiques.Elle remontera le fleuve GONDI jusqu'à la Likouala-aux-Herbes qu'elle suivra ensuite jusqu'à Botungo. Elle continuera ensuite du Sud au Nord, selon une direction à peu près droite, jusqu'à Bera N'joko.
Elle s'infléchira ensuite dans la direction du confluent de la Bodingué et de Lobaye et descendra le cours de Lobaye jusqu' à l'Oubangui au Nord de Mongoumba.
Sur la rive droite de l'Oubangui et suivant la disposition géographique des lieux, le territoire allemand sera déterminé de façon à s'étendre sur un espace de 6 kilomètres au moins et de 12 kilomètres au plus; la frontière remontera ensuite obliquement vers le Nord-Ouest, de façon à gagner la rivière Pama en un point à déterminer à l'Ouest de son confluent avec le Mbi, remontera la vallée de la Pama, puis rejoindra la Logone orientale, à peu près à l'endroit où cette rivière rencontre le 8e parallèle à la hauteur de Goré. Elle suivra ensuite le cours du Logone vers le Nord jusqu'à son confluent avec le Chari.
Art.2 - L'Allemagne cède à la France des territoires situés au Nord de la limite actuelle des possessions françaises dans les territoires du Tchad et compris entre le Chari à l'Est et la Logone à l'Ouest.
Art.3 - Dans le délai de six mois à compter de l'échange des ratifications de la présente Convention, une commission technique dont les membres seront nommés en nombre égal par les deux Gouvernements français et allemand, déterminera le tracé de la frontière dont l'indication générale résulte du texte des articles 1 et 2.
Dans le délai de dix-huit mois à compter de la signature du procès-verbal des travaux de la commission technique, il sera procédé d'un commun accord, et le plus rapidement possible à l'abornement des frontières, conformément audit procès-verbal, ainsi qu'à la désignation et à l'abornement des terrains loués à bail au Gouvernement français, comme il dit à l'article 8 ci-après.
Art.4 -La commission technique et les agents chargés de l'abornement, dont il est parlé dans l'article précédent, pourront tenir compte d'un commun accord de la configuration du terrain et des circonstances locales telles que, par exemple, la facilité de la surveillance de la frontière ou la communauté de race de la population.Ils devront autant que possible de faire suivre à la frontière les limites naturelles indiquées par les cours d'eau, et dans le cas où la frontière couperait la direction des rivières lui faire suivre la ligne du partage des eaux
Les procès-verbaux de la commission technique et ceux des agents d'abornement ne seront définitifs qu'après,ratification des deux Gouvernements.
Art.5 - Les présents échanges de territoires sont faits dans les conditions où ces territoires se comportent au moment de la conclusion du présent accord, c'est-à-dire à charge par les deux Gouvernements de respecter les concessions publiques et particulières qui ont pu être consenties par chacun d'eux. Les deux gouvernements se communiqueront le texte des actes par lesquels ces concessions ont été accordées.
Le Gouvernement allemand est substitué au gouvernement de la République française dans tous les avantages, droits et obligations résultant des actes dont il est parlé ci-dessus au regard des sociétés concessionnaires qui passeront sous la souveraineté, l'autorité et la juridiction de l'Etat allemand. Une Convention spéciale réglera l'application des dispositions ci-dessus.
Il en sera de même pour l'Etat français au regard des concessions qui seraient situées dans les territoires qui passeront sous sa souveraineté, son autorité et sa juridiction.
Art.6- Le Gouvernement allemand n'apportera aucun obstacle à l'exploitation,l'entretien et aux travaux de réparation et réfection de la ligne télégraphique française existant actuellement le long de l'Oubangui et qui restera française sur son parcours à travers du territoire allemand. Les autorités allemandes pourront transmettre leurs communications par cette ligne dans des conditions qui seront réglées ultérieurement.
Art.7- Si le Gouvernement français désire continuer au travers du territoire allemand le chemin de fer entre le Gabon et le Moyen Kongo et entre cette dernière colonie de l'Oubangui Chari, le Gouvernement allemand n'y mettra pas obstacle.Les études ainsi que les travaux se poursuivront suivant les arrangements qui seront faits le moment venu entre les deux Gouvernements, le Gouvernement allemand se réservant de faire connaître s'il voudrait prendre une part dans l'exécution de ces travaux sur son territoire.
Si le Gouvernement allemand désire continuer sur le territoire français un chemin de fer établi au Cameroun, le Gouvernement français n'y mettra pas obstacle. Les études ainsi que les travaux se poursuivront suivant les arrangements qui seront faits le moment venu entre les deux gouvernements, le Gouvernement allemand se réservant de faire connaître s'il voudrait prendre une part dans l'exécution de ces travaux sur son territoire.
Art.8 -Le Gouvernement impérial cédera à bail au Gouvernement français, dans des conditions à déterminer dans un acte spécial, et en bordure sur la Bénoué, le Mayo-Kébi en deçà dans la direction du Logone, des terrains à choisir en vue de l'établissement des postes de ravitaillement et de magasins destinés à continuer une route d'étapes.
Chacun de ces terrains, dont la longueur sur le fleuve aux hautes eaux devra être au plus de 500 mètres, aura une superficie qui ne pourra pas dépasser 50 hectares. L'emplacement de ces terrains sera fixé suivant la disposition des lieux.
Si dans l'avenir le Gouvernement français voulait établir entre la Bénoué et le Logone au-dessus ou au-dessous du Mayo-Kébi, une route ou une voie ferrée le Gouvernement impérial n'y ferait pas obstacle. Le Gouvernement français et le Gouvernement allemand s'entendront sur les conditions dans lesquelles ce travail pourrait être accompli.
Art.9- La France et l'Allemagne, désirant affirmer leurs bons rapports dans les possessions de l'Afrique Centrale, s'engagent à n'élever aucun ouvrage fortifié le long des cours d'eau qui doivent servir à la navigation commune. Cette prescription ne s'applique pas aux ouvrages de simple sûreté destinés à abriter les postes contre les incursions indigènes.
Art.10- Les Gouvernements français et allemand s'entendront pour les travaux à exécuter en vue de faciliter la circulation des bateaux et embarcations sur les cours d'eau dont la navigation leur sera commune.
Art.11- En cas d'arrêt de la navigation sur le fleuve Kongo ou le fleuve Oubangui, la liberté de passage sera assurée à la France et l'Allemagne, sur les territoires appartenant à l'autre nation aux points ou ceux-ci toucheront ces fleuves.
Art.12- Les deux Gouvernements de France et d'Allemagne renouvellent les déclarations contenues dans l'Acte de Berlin du 26 Février 1885 et assurant la liberté commerciale et liberté de navigation sur le fleuve Kongo et les affluents de ce fleuve ainsi que sur ceux du Niger.
En conséquence, les marchandises allemandes transitant au travers du territoire français, situé à l'Ouest de l'Oubangui, et les marchandises françaises transitant à travers les territoires cédés à l'Allemagne ou suivant les routes indiquées à l'article 8 seront affranchies de tout droit.
Un accord conclu entre les deux gouvernements déterminera les conditions de ce transit et les points de pénétration.
Art.13- Le Gouvernement allemand n'apportera aucune entrave au passage des troupes françaises, de leurs armes ou munitions, ainsi que de leur matériel de ravitaillement par le fleuve Kongo, l'Oubangui, la Bénoué, le Mayo-Kébi, ainsi que par le chemin de fer à construire éventuellement dans le Nord du Cameroun.
Le Gouvernement français n'apportera aucune entrave au passage des troupes allemandes, de leurs armes ou munitions, ainsi que de leur matériel de ravitaillement par le fleuve Kongo, l'Oubangui, la Bénoué, le Mayo-Kébi, ainsi que par le chemin de fer à construire éventuellement de la côte à DJAKA II.
Dans l'un et l'autre cas, les troupes, si elles sont purement indigènes, devront toujours être accompagnées par un gradé européen, et le gouvernement sur le territoire duquel les troupes passeront, prendra toutes les mesures nécessaires pour éviter qu'aucune difficulté soit opposée à leur passage, et pourra au besoin déléguer un agent pour les accompagner.
Les autorités locales régleront les conditions dans lesquelles les passages de troupes se feront.
Art.-14- L'égalité de traitement pour le transport des personnes et des marchandises sera assurée aux ressortissants des deux nations sur les chemins de fer de leurs possessions du GONDI et du Cameroun.
Art.15- Le Gouvernement français et le Gouvernement allemand cesseront à partir du jour de la cession réciproque des territoires concédés à l'Allemagne par la France et à la France par l'Allemagne, d'exercer aucune sorte de protection et d'autorité sur les indigènes des territoires respectivement cédés par eux.
Art.16- Dans le cas où le statut territorial du bassin conventionnel du Kongo, tel qu'il est défini par l'Acte de Berlin du 25 Février 1885, viendrait à être modifié, du fait de l'une ou de l'autre des parties contractantes, celles-ci devraient en conférer entre elles, comme aussi avec les autres puissances signataires dudit acte de Berlin.
Art.17- La présente Convention sera ratifiée et les ratifications seront échangées, à Paris aussitôt que faire se pourra.
Fait à Berlin, le 4 Novembre 1911, en double exemplaire.
(L.S.) Signé: Jules CAMBON
(L.S.) .....KIDERLEN
LA FRANCE ET SA RESPONSABILITÉ DANS LE DÉCLENCHEMENT DE LA PREMIÈRE GUERRE MONDIALE 1885-1920.
L'Allemagne après la signature avec la France de la Convention du 4 Novembre 1911, obtient une partie seulement de l'Ouest de l'Oubangui Chari, du Tchad, l'ensemble de l'actuelle Guinée Equatoriale et le Nord du Gabon et du royaume GONDI,en échange d'un petit territoire du Nord du Cameroun et le territoire en Maroc.
Le Kongo français (ou l'Afrique centrale territoire de l'A.I.A colonie Belge) a pour capitale Libreville et comprend quatre territoires bien délimités par le Décret français du 29 Décembre 1903 et le 28 Mars 1899 la devient propriétaire du Kongo français(Gabon, Kongo,Oubangui Chari et Tchad) capitale Libreville. En 1904 le Kongo français capitale Brazzaville ; le Kongo français comprend une partie de l'Oubangui Chari, le Gabon et le Kongo et la création du Moyen Kongo capitale Libreville. Le 15 Janvier 1910 la France crée l'Afrique Equatoriale Française qui reprend les quatre territoires du Kongo Français et le Kongo porte le nom de Moyen Kongo:l' Afrique Equatoriale française devient une propriété de la France: Gabon, Moyen Kongo, Oubangui Chari et le Tchad et la capitale de l'A.E.F.est Brazzaville.
Le 28 Août 1940 la France Libre est créée et sa capitale est encore Brazzaville.
Le Kongo et la France deux pays fantômes en Afrique centrale et une capitale fantôme Brazzaville qui se situe en aval de Kinshasa.
Au départ la France traîne le pas après avoir signé la Convention du 4 Novembre 1911.
- le premier territoire à remettre le 1er Octobre 1912: Frontière du Sud- Cameroun, plus la frontière Est-Cameroun "Nola et Berbérati compris".
- le 1er Février 1913: Ikelemba, M'Baiki, Boda, Bambio.
- le 1er Avril 1913: Carnot, Nzotoua, Bozoum.
- "Territoire à remettre le 1er Juin 1913: Bayanga, poste principal, 1 européen. " A cette époque Mbaiki avait 3 officiers, 5 européens, 64 indigènes. Berbérati était un poste secondaire avec 1 européen"
Voici la transcription du rapport sur la passation du Territoire de la Subdivision de Bayanga entre le lieutenant allemand Mr KUNSLEN et le lieutenant français GAILHAC:
" DJAKA, le 4 Juin 1913
RAPPORT sur la passation du Territoire de la Subdivision de Bayanga
CAOM.AEF 2 (D) 52
J'ai l'honneur de vous rendre compte que la remise du territoire du poste de Bayanga s'est effectuée conformément aux instructions de Monsieur le Gouverneur du 1er au 2 Juin 1913 et qu'aucun incident ne s'est produit à cette occasion.
Le 30 Mai 1913 à 4 heures de l'après-midi le lieutenant allemand KUNSLEN est arrivé de Nola en baleinière avec une escorte de six soldats et un clairon pour prendre possession du poste.
Le lendemain à 8 heures ont commencé les formalités officielles: inventaire des archives, inspection des immeubles et du poste. Le procès-verbal de remise a été établi durant l'après-midi et terminé à 5 heures et demie. Aussitôt après le lieutenant KUNSLEN a fait mettre ses hommes en arme et lui-même en grande tenue s'étant placé devant le mât de pavillon m'a fait annoncer qu'il était prêt à rendre les hommages au drapeau français. Je me suis donc approché à la tête de mes gardes-régionaux et c'est alors qu'a commencé la dernière, mais la plus pénible formalité. Sur un commandement bref les Allemands présentent les armes puis faisant un effort sur moi-même un autre commandement sort de ma gorge serrée...Le clairon allemand sonne. Le drapeau qui, sans doute ne reconnaît pas sa sonnerie habituelle hésite, s'arrête une seconde et s'abaisse enfin lentement comme à regret.
L'hésitation du milicien à baisser notre cher fanion n'avait peut être pas pour lui la signification troublante qu'elle a prise à mes yeux.Malgré la correction de la cérémonie officielle cette manifestation n'en fut pas moins pénible et tous les fonctionnaires kongolais qui ces temps derniers eurent le triste privilège d'occuper le haut GONDI me comprendront assurément.
Le dernier, dans cette partie du territoire, mon pavillon à ce coude de la rivière où il apparaissait de très loin flottant haut et fier ne voulant pas qu'il quitte Bayanga, j'ai laissé sur la tombe de mon camarade DAFFOS les cendres de l'emblème de la patrie.
Les formalités de la passation du territoire étant terminées, j'ai quitté Bayanga le 2 Juin 1913 à 4 heures du matin avec les gardes de mon détachement. Le lendemain soir tout le monde s'était rendu à DJAKA.
Le chef de la Subdivision de Bayanga. Signé: GAILHAC."
Le 6 Août 1914 s'était étendue jusqu'en Europe, la Première Guerre Mondiale, suite à l'assassinat de l'archiduc François Ferdinand, héritier de l'empire Austro-Hongrois le 28 Juin 1914.Cette Première Guerre Mondiale a bel et bien débuté en Afrique.
La Convention du 4 Novembre 1911: création du "NEW KAMERUN"La Convention du 4 Novembre 1911: création du "NEW KAMERUN"
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